Beaumarchais ou les fredaines de Figaro

                                                                                                      

                       Extraits:                                    

     " On a beaucoup écrit sur Beaumarchais. Certains, pénétrés d’une sorte de vénération amoureuse, en ont fait un héros chevaleresque, d’autres entraînés par une antipathie tenace, ont voulu voir en lui un faquin débridé. Je pense que les uns et les autres se sont trompés..."

....pour le connaître je veux le percevoir, j’affirmerai que Beaumarchais m’enchante par son génie, me ravit par ses aventures, m’agace par ses prêches, me déçoit par ses maladresses, me répugne par ses astuces éhontées, mais que tout cela n’est rien, car ce qui importe, c’est le rythme endiablé de sa vie, l’étonnant brio de son existence et l’éclat qu’il sait mettre à tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit, tout ce qu’il touche..." ( Extrait de la Préface )

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     " Dans ce coin de la rue Saint-Denis, la boutique la plus voyante, la plus bruyante était celle de l’horloger Caron, où grouillait tout un petit monde d’enfants délurés et d’adolescentes au clair visage. On s’y bousculait autour d’un jeune garçon en vêtements de voyage, que l’on embrassait, que l’on interrogeait, que l’on taquinait et qui répondait lestement, toujours prêt à donner un pinçon, tirer une mèche de cheveux ou décocher un coup de pied sur un mollet sensible. Pierre-Augustin Caron revenait de l’école d’Alfort et tenait à prouver d’emblée à ses sœurs qu’il méritait à la fois admiration, respect et obéissance. Il parlait plus fort qu’elles, savait tout mieux qu’elles et surtout il était capable de les rosser si le besoin s’en faisait sentir…"

     "  Il n’est point difficile de dire de lui beaucoup de mal ou beaucoup de bien, car il a rempli son existence d’actes aux aspects divers... Si l’on assiste au Barbier de Séville, ou bien au Mariage de Figaro, on reste enchanté du génie qu’il déploya aux heures où son intarissable vitalité trouva pour s’exprimer la forme qui correspondait aux passions du jour, aux besoins des esprits, à ses propres passions et qui lui permettait de satisfaire sa vanité en créant un type littéraire, qui l’exprimait en le dépassant..."

     " Il reste à travers les âges un des plus grands hommes de théâtre qu’ait eu la France. A l’époque où notre scène s’engourdissait dans des dialogues plus ou moins fades, autour de situations plus ou moins ressassées, il y introduisit ce mouvement et ce rythme endiablé qui étaient ceux de sa vie..."

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